top of page

Du Réveil Sourd à la loi de 2005 

Haut de page 5

Venu des États-Unis au cours des années 60, dans l'élan d’émancipation des minorités, un mouvement d’affirmation des personnes sourdes se diffuse progressivement en Europe.

À partir de 1975 débute en France une période nommée le Réveil Sourd.

Cette nouvelle dynamique s’appuie notamment sur les travaux du linguiste américain William Stokoe qui reconnaît la langue des signes comme langue à part entière. Le Congrès de Washington en 1975, préconise le recours aux langues des signes dans l’éducation des enfants sourds.

Croneberg_and_Stokoe.png

Croneberg and Stokoe at Linguistics Research Laboratory (1961) Wikimedia Commons CC-BY-SA-4.0

Des chercheurs français parmi lesquels Bernard Mottez (sociologue) et Christian Cuxac (linguiste et professeur) reprennent ces travaux en France et apprennent la langue des signes à l'Académie de la langue des signes française

Bernard Mottez institutionnalise les termes langue des signes française, contribuant ainsi à sa reconnaissance. Surnommé par la communauté sourde "L'abbé de l'épée des temps modernes", il considère que l’identité culturelle et linguistique doit prévaloir sur les critères physiques d’audition. Il défend l'idée que la langue des signes est un moyen pour les sourds de participer à la société, d’y être reconnus et d’y avoir leur place tout en conservant leur identité.

C’est ainsi une nouvelle génération de sourds qui pratique la langue des signes et oeuvre à sa valorisation tout en refusant la médicalisation systématique de la surdité.
Chaque personne sourde doit avoir la possibilité de choisir la solution qui lui convient en fonction de ses besoins, de ses envies et de son environnement : oraliser et lire sur les lèvres, être appareillé, pratiquer la LSF, l'un n'excluant pas l'autre.

En 1976, à Vincennes, Jean Grémion et Alfredo Corrado fondent l’International Visual Theatre. Afin de faire plus ample connaissance avec Jean Grémion, l'émission L’oeil et la main propose un film d'une vingtaine de minutes. 
 

Sur son site internet L’IVT se définit comme “un espace d’échange, de rencontre et de découverte pour les sourds et les entendants regroupant un théâtre, un centre de formation et une maison d’édition. IVT est aujourd’hui un lieu unique en France qui, à 40 ans d’existence, porte un projet de développement essentiel pour le rayonnement de la langue des signes.” 

IVT

International Visual Theater Paris par Pline Wikimedia Commons  CC BY-SA 3.0

Depuis ce réveil, la LSF gagne progressivement en visibilité et en présence dans la sphère éducative, culturelle et médiatique. 

 

Voici quelques dates qui jalonnent cette évolution : 

 

  • En 1979 est créé le premier programme télévisé en langue des signes destiné aux plus jeunes : Mes mains ont la parole  dans laquelle Marie-Thérèse Abbou interprète en LSF des contes traditionnels. Pour voir ou revoir La petite poule rousse, c'est ici !
     

  • En 1980, l’association 2 langues pour une éducation (2LPE) est fondée et organise des stages d’été associant parents d’enfants sourds et entendants ainsi que des classes bilingues. Elle défend une logique surdité - langue des signes - éducation, en opposition à une logique déficience - handicap - rééducation. 
     

  • En 1991, l’amendement “Fabius” de la loi n°91-73 du 18 janvier 1991 autorise les familles à choisir pour leur enfant un enseignement oraliste ou bilingue (français écrit et LSF)
     

  • En 1992, pour la première fois à la télévision, La Marche du Siècle présentée par Jean-Marie Cavada consacre aux sourds une émission spéciale de deux heures, avec un public composé de sourds et des invités sourds et entendants. 
    En visionner un extrait (durée totale : 53 minutes).

     

  • En 1993, la comédienne Emmanuelle Laborit reçoit un Molière pour son rôle dans Les enfants du silence. La même année sort le documentaire de Nicolas Philibert, Le pays des sourds.
     

  • A partir de 1994, L’œil et la Main, une émission hebdomadaire bilingue et biculturelle élaborée par des sourds et des entendants, animée par deux présentateurs sourds, Daniel Abbou et Sabine Zerdoum.
     

  • Le 11 février 2005 est votée la loi n°2005-102 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées. La langue des signes française est reconnue comme langue à part entière mais uniquement dans le domaine du handicap. Elle n’est pas mentionnée dans le registre de la Constitution française contrairement à d’autres pays (Autriche, Finlande, Hongrie).
     

« Art. L. 312-9-1. - La langue des signes française est reconnue comme une langue à part entière. Tout élève concerné doit pouvoir recevoir un enseignement de la langue des signes française. Le Conseil supérieur de l'éducation veille à favoriser son enseignement. Il est tenu régulièrement informé des conditions de son évaluation. Elle peut être choisie comme épreuve optionnelle aux examens et concours, y compris ceux de la formation professionnelle. Sa diffusion dans l'administration est facilitée. »​

« Qu'importe la surdité de l'oreille quand l'esprit entend ?

La seule surdité, la vraie surdité, la surdité incurable, c'est celle de l'intelligence. » 

Victor Hugo  à Ferdinand Berthier le 25 novembre 1845.

  • Facebook
  • Twitter

Mentions légales          |        Plan du site               

image_sansmodif2.jpg

© 2020 par E.BOURDON-ROS. Créé avec Wix.com  - dernière mise à jour : 25/08/20

bottom of page