Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la langue des signes...

langue des signes, qu'entendez-vous par là ?
Les enjeux de l'apprentissage
La langue des signes est la première langue des enfants sourds, la seule qui leur soit accessible naturellement.
Or, 5% seulement des enfants sourds reçoivent cette langue en transmission familiale et la pratiquent comme langue maternelle, ceux dont les parents sont sourds également. 95% des enfants sourds naissent de parents entendants. Ces chiffres sont donnés par Brigitte Garcia spécialiste de la langue des signes, dans cet article du Figaro.
Elle fait aussi une distinction entre la LSF apprise comme langue maternelle par une personne sourde et la LSF étudiée en langue seconde, par une personne entendante.
Dans chacun de ces cas l'apprentissage ne revêt pas la même importance.
Pour les enfants sourds la LSF est avant tout un outil de socialisation avec leur entourage et avec d'autres enfants sourds. Lorsqu'ils grandissent, elle devient langue d'accès aux différents savoirs et outil d'apprentissage du français écrit.
C'est ce que l'ethnologue Yves Delaporte appelle "l'éducation bilingue dans sa version authentique c’est-à-dire que l’enseignement se fait en langue des signes et que celle-ci permet d’accéder au français écrit", dans Balises, le magazine de la BPI.

Concernant les personnes entendantes, les enjeux d'un apprentissage de la LSF sont différents puisqu'il s'agit d'un outil de communication supplémentaire mais non essentiel.

par Stocksnap Pixabay Licence
La langue des signes est d’ailleurs fréquemment utilisée dans les crèches et dans certaines familles afin de communiquer avec les touts-petits qui entendent mais ne parlent pas encore.
Il ne s’agit pas d’employer exclusivement la LSF, mais d’en utiliser certains signes, en complément de la parole.
Là encore, diverses tendances se côtoient : emploi de la “vraie” langue des signes afin de doter l’enfant d’un outil linguistique lui permettant de communiquer avec des personnes sourdes ou emploi de signes adaptés aux bébés et qui n’ont pas vocation à être utilisés dans un autre contexte.
Sandrine Higel, créatrice de l'association Signe2mains destinées aux parents et aux professionnels de la petite enfance expose ses arguments dans cet entretien.
Chez les enfants entendants plus grands, dans le cadre scolaire ou associatif, l’apprentissage de la LSF qui met le corps en action est souvent vécu comme un jeu. Il favorise d'ailleurs le développement moteur et celui du système visuel.
De nombreux parents sont demandeurs car ils y voient pour leurs enfants, une ouverture à une autre culture ainsi qu'une éducation à l’attention et à la différence.
La langue des signes est parfois une solution de communication adaptée pour des personnes avec autisme ne communiquant pas verbalement ou pour des personnes ayant des troubles du langage.
Les adultes entendants sont eux aussi de plus en plus nombreux à s’engager dans l'apprentissage de la LSF :
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Pour des raisons personnelles
Les familles et proches d’enfants sourds afin de communiquer avec eux et de partager au plus près leur vécu au quotidien, de mieux comprendre leur appréhension du monde et les difficultés rencontrées.
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Par curiosité intellectuelle et envie d’apprendre une nouvelle langue, de découvrir une autre culture. Considérant qu’il faut être au moins deux pour communiquer, apprendre la LSF est un moyen pour les personnes entendantes de faire un pas vers la communauté Sourde.
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Pour acquérir des compétences complémentaires :
Pour tous les les professionnels travaillant auprès du public : musées, bibliothèques, administrations, commerces, associations, médecins…
L’objectif est d'offrir un accueil adapté à chacun et de permettre l’accès de tous à tous les services de la vie quotidienne.
La ville de Paris a par exemple labellisé cinq bibliothèques "pôles sourds". Dans chacun de ces établissements, au moins l'un des bibliothécaires est lui-même sourd ou malentendant et les autres professionnels sont formés pour accueillir les publics en LSF. Signes de bibliothèque, propose un lexique en LSF qui peut être utile à toutes les médiathèques.
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Pour en faire son métier :
- devenir interprète ou traducteur. Les besoins en interprètes sont considérables dans les situations de la vie courante (rendez-vous chez le médecin, formalités administratives, entretien de recrutement…). Le Centre d'information et de documentation jeunesse (CIDJ) estime à 500 le nombre d'interprètes en activité en 2020 alors qu'il en faudrait 3000 pour répondre aux demandes.
L'émission l'Oeil et la main part à la découverte de ces métiers et filme le quotidien d'étudiants à l'Ecole supérieure d’interprètes et de traducteurs (ESIT) (durée 26 min). Un autre épisode de la même émission propose de faire la connaissance de Radia Darkaoui, une jeune femme sourde qui se forme à la traduction. (durée 26 min)
- devenir professeur de LSF dans des établissements spécialisés ou à l'école. Les enseignants sourds enseigneront dans leur langue maternelle, les enseignants entendants en langue seconde. Une fiche du Centre d'information et de documentation jeunesse décrit les missions spécifiques à ce métier et les études pour y accéder.

Connaissez-vous la différence entre interprète et traducteur ?
Deux métiers au service de la communication
à découvrir sur le site de l'Association française des interprètes et traducteurs en langue des signes. (AFILS)